L'AGENDA du 33
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 Moi cheminot

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le facteur

le facteur


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MessageSujet: Moi cheminot   Moi cheminot Icon_minitimeLun 19 Nov - 10:03

Mon argumentaire

J’ai 51 ans et je vais essayer de faire partager mon combat pour la sauvegarde et l’amélioration des régimes de retraite dont le mien (étant Cheminot) par des vérités simples mais peu relayées par les médias. Hormis le fait que l’allongement de la durée de cotisations que l’on essaie de m’enfiler alors que j’ai signé un contrat de travail, de la décote qui ne manquera pas de minorer ma pension de 100 à 200 euros par mois en retraite et de l’indexation sur les prix qui amèneront une nouvelle baisse dans le temps, voici quelques pistes complémentaires.

• Sur l’idéologie véhiculée : « l’espérance de vie augmentant, il faut travailler plus longtemps » depuis plus de deux siècles l’espérance de vie n’a cessée d’augmenter (sauf pendant les guerres de 14 et 45) et la durée du travail dans le même temps de diminuer (sauf 46 effort de guerre). le message transmis est donc mensonger et ce d’autant plus que le comité des retraites stipulait dans ses conclusions qu’une augmentation chaque année de 0,2% des cotisations suffirait pour compenser cet état (en vain).
• Sur le fait que le cheminot est qualifié de « Nanti » : Quand on sait que la retraite moyenne des cheminots est de 1350 € et que prés de 40% partent avec le minimum de perception, soit 1077 brut, je cherche encore où sont les nantis.
• Quand mes cotisations de retraite (mon salaire différé) représentent 42% du total pour 30% dans le privé, que le départ moyen du cheminot est de 34 ans pour 37 dans le privé [et oui dans le privé l’âge de la retraite est peut être à 60 ans, mais les patrons se débrouillent pour se débarrasser de leurs anciens salariés trop coûteux bien avant leur départ légal par le biais de préretraites ou de plans de licenciement], cela donne : pour le privé 37 X 30 = 1110% et pour les régimes spéciaux 34 X 42 = 1428 % soit prés de 25% de plus versés au long de ma carrière.
• Quand ma retraite correspond à (37,5% X 2) 75% de mon dernier salaire, pour le privé elle correspond entre 82 et 84% du salaire moyen des dernières années (25).
• Quand on a modifié les retraites en 1993 (Balladur) et 2003 (Fillon), le nanti que j’étais était déjà dans la rue (pas en nombre suffisant, il est vrai) et il a même fait des jours de grèves (pas encore payées par Sarko malgré mon courrier de septembre 2007).
• Quand à l’ « utopie » (pour les médias) de clamer 37,5 anuitées pour tous, cela représente 0.37% du PIB, les cadeaux fiscaux de juin 07 (15 milliards d’euros) 4% du PIB et je ne me souviens pas avoir entendu le sieur Fillon crier à la faillite de la France au début de l’été mais bien début septembre 07 aux premières clameurs sur la montée des luttes sociales.
• Tout tient dans la répartition des richesses, en 46 la France était sur les genoux, le seul système viable était celui par répartition. Aujourd’hui, jamais la France n’a été aussi riche, (exemple les 9 milliards d’euros pour Total depuis le début de l’année), la productivité n’a pas cessée d’augmenter et l’homme est remplacé, partout où il peut l’être par des machines (non taxées). La France est le premier utilisateur d’automates au monde, il y en a partout. Aujourd’hui tout est fait pour diminuer l’indemnisation des retraités afin d’amener tous les salariés à cotiser pour une retraite complémentaire. Ce sont les banques qui sont intéressées par notre argent, elles veulent que l’on capitalise (enfin ceux qui le pourront) et pourtant les tristes exemples de retraite par capitalisation sont connus (ENRON le dernier en date).
• Enfin que représentent les régimes spéciaux : 1 millions de salariés soit 5% de la population active, les Militaires, Flics et Gendarmes ne sont pas concernés par la soi-disant équité par le bas. Reste donc ce petit million dans lequel on retire les mineurs (395 000) et les marins (125 000). Reste encore un peu moins de la moitié composée principalement par les Cheminots et la RATP. La triste réalité, c’est bien de réduire à néant la seule force réelle d’opposition et de défense des acquis sociaux qui reste en France, par la casse de notre statut, le service minimum et les retraites.


C Joie
claude.joie@free.fr
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le facteur

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Date d'inscription : 25/05/2007

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MessageSujet: Moi autre cheminot !   Moi cheminot Icon_minitimeVen 23 Nov - 11:28

Lettre d’un cheminot gréviste
Chère cliente, cher client,

Je suis en grève aujourd’hui et je l’assume. Oui, j’assume de devoir vous poser des problèmes dans votre train-train quotidien, j’assume de vous obliger à modifier vos habitudes quotidiennes.

On m’accuse de vous prendre en otages. Mais vous ai-je enfermés, vous ai-je attachés ? Non, je vous laisse libres. Libres au milieu des contraintes que vous acceptez tous les jours sans vous en plaindre.

J’assume pleinement de vous laisser voir vos chaînes, parce que ces chaînes sont aussi les miennes. Parce que moi aussi, je dois faire garder mes gamins quand je commence au petit matin, moi aussi, quand je rentre le soir, j’ouvre ma boite à factures qui naguère s’appelait boite aux lettres, moi aussi, je m’affale parfois dans le canapé pour manger docilement la soupe de la télé, car moi aussi, je vis dans cette société.

Oui, je l’assume. Comme j’assume les contraintes de mon métier qui me font vivre à part du groupe, qui me font travailler avant vous pour vous emmener bosser et après vous pour vous ramener à la maison. Pour vous emmener dans votre famille passer les fêtes, je ne les passerai pas dans la mienne. Je vous transporte et par définition, mon travail commence là où s’arrête le vôtre, et vice versa.

Quand j’ai pris la décision de faire ce métier, il y a 15 ans, j’ai pesé le prix de ma mise à l’écart de la vie collective, par les horaires farfelus. Ce prix, je l’ai accepté et j’entends me le faire payer. Bien sûr, je ne suis pas le plus mal loti de la terre. Bien sûr, il y a bien pire et bien plus malheureux.

Mais doit-on se sentir coupable d’avoir un toit en voyant les sans-abri ? Doit-on se sentir coupable d’avoir un emploi en comptant les chômeurs ? Doit-on se sentir coupable de se défendre ? Ma défense, je l’ai préparée. Parce que les résultats des élections de mai ne laissaient aucun doute. Le conflit aurait lieu, historiquement il devait avoir lieu. Où et quand ? Vous avez la réponse aujourd’hui. Parce que, je ne vous le cache pas, Il était encore sur le yacht de Bolloré que je mettais de côté l’argent nécessaire à ce combat.

S’il le faut, celui prévu pour quelques projets futiles sera utilisé et tant pis si le home cinéma ne vient pas dans mon foyer cette année. Quoi, j’aurais pu me payer un home cinéma et je suis dans la rue ? Eh bien ça aussi je l’assume. Et sans aucune honte depuis que j’ai lu que la marque qui commercialise le plus grand écran plasma, un joujou à cent mille euros, visait aussi le marché des particuliers en France.

On me donne 2600 euros par mois pour conduire les trains, pas pour acheter mon silence et ma docilité. On trouve au MEDEF des syndicalistes bien mieux lotis ayant toujours une larme à faire couler sur leur sort.

C’est aussi pour ça que j’assume de faire grève aujourd’hui.

On m’accuse de ne pas faire preuve de solidarité parce que la réforme est nécessaire et doit être approuvée. A force de lire les rapports du Conseil d’Orientation des Retraites, à force de lire tout ce qui peut me tomber sous les yeux parlant de retraite, du Sénat au blog débile, j’ai acquis la conviction que tout cela aurait pu être évité, pour moi comme pour vous, si nos dirigeants avaient préparé ces échéances comme j’ai préparé cette grève.

On nous a parlé de catastrophe, de faillite, de banqueroute même, or n’importe quel économiste honnête vous le dira : en 2000, l’effort prévisible à réaliser, sans rien changer pour les retraites, pour les 40 années à venir était calculé inférieur à celui fourni pendant les 40 années passées.

On n’a montré que le petit bout de la lorgnette, on n’a pas dit que la richesse du pays augmenterait plus vite que cette charge, même dans les pires scénarii.

Il y avait ce problème du baby boom ? Et alors, est-ce une raison pour tout mettre à bas alors qu’il suffisait de remplir le fonds de réserve des retraites créé en 2002, la seule véritable réforme honnête faite sur le sujet ?

Que fait un ménage quand il sait qu’une dépense va venir ? Soit il économise, soit il emprunte, soit il attend et se serre la ceinture le moment venu. C’est cette voie qu’ont choisie nos dirigeants, c’est regrettable mais je suis citoyen et je respecte les suffrages. Alors cette politique qui n’est pas la mienne, je l’assume y compris les conséquences, y compris cette grève.

Aujourd’hui, je refuse de faire mon travail dans la société parce que j’ai un différent à régler avec cette société. J’utilise un moyen légal, constitutionnel, occasionnant une gêne que l’assume pleinement parce que je suis dans une entreprise qui fait des bénéfices et qui, seule, paye les avantages de mon régime de retraite. Une cotisation patronale supérieure de près de 12% à celle de votre patron, soit environ 500 millions, pour compenser un âge de départ inférieur au vôtre, dans des conditions souvent inférieures aux vôtres, d’ailleurs.

Le reste ? C’est ce que nous paierions ensemble si nous étions dans le même régime. D’ailleurs la compensation entre régimes bénéficie à 93,7% aux artisans, commerçants, salariés et exploitants agricoles, et en 2015, mon régime ne sera plus bénéficiaire du système mais deviendra contributeur. Ces 12% sont à moi, pas à mon entreprise qui voudrait bien les récupérer.

Comme les cotisations patronales, que les patrons appellent volontiers « charges », sont à vous, payant par avance votre droit à la santé ou à la retraite. C’est parce que la seule personne volée dans cette réforme c’est moi, j’assume totalement de réclamer mon dû. On me dit que ce sont finalement les clients qui payent.

L’a-t-on dit aussi fort aux clients de Carrefour qui ont payé les conditions de fin d’emploi du patron d’alors ? Le dit-on aussi fort de toutes ces retraites chapeaux, primes de départ et autres joyeusetés faites aux dirigeants des grandes entreprises ? Le dit-on aussi fort des avantages d’autres salariés ? A ce dernier titre, il est bon de calculer que 5 années de bonus sur une carrière de 40 ans ne représentent inalement guère plus qu’un mois et demi par an. Je n’ai jamais eu de treizième mois, l’avantage est-il si exorbitant ?

Alors j’assume ne pas vouloir perdre ces 12% dans cette réforme qui ne vous apportera rien. Le gain escompté est de l’ordre de 200 millions d’euros par an. A ce rythme, il faudra 75 ans pour rembourser les 15 milliards de cadeaux fiscaux faits cet été ! Suis-je encore le privilégié de cette société ?

Mais plus encore. Cette réforme, comme les précédentes, vous coûtera beaucoup, elle nous coûtera beaucoup à tous. Parce que c’est la solidarité que l’on tue aujourd’hui. Cette solidarité voulue par nos pères au lendemain de la guerre, cette solidarité insupportable pour qui se réclame du libéralisme et du chacun-pour-soi.

Cette solidarité dont le sens profond ne dépasse pas, pour notre gouvernement, la notion de l’aumône dominicale. Mais pour moi elle a un sens, parce qu’elle est profondément humaine. C’est elle, le ciment de notre société. A quoi bon vivre comme les loups où le couple dominant mange en premier et où le dernier mange ce qui reste ? Tous mangent, certes, mais est-ce le modèle que nous voulons pour notre société ? Est-ce l’exemple pour nos enfants ? Ma conviction profonde est que la société humaine ne peut être basée que sur la solidarité, sur l’entraide mutuelle. C’est ce à quoi je crois et c’est pour cela que j’assume ce combat.

Et je me souviens de 1995. Vous étiez derrière nous à 75% ! Autre époque où nous portions l’espoir, où l’on a vu des personnes venir apporter une journée de salaire dans notre caisse de grève en nous demandant de faire la grève pour eux.

La grève ce n’est pas mon métier. J’assume d’avoir laissé tomber cet espoir faute de pouvoir le porter seul. J’assume aujourd’hui de me battre d’abord pour moi, règle première de cette société libérale que je veux combattre.

C’est paradoxal ? Oui, mais j’assume ce paradoxe parce que vous ne m’aimez plus aujourd’hui et que cette désaffection est le fruit d’un combat que vous n’avez pas voulu mener, croyant à tort que je le ferais pour vous.

Nos père se sont battus, certains sont morts, pour nos congés, nos retraites, notre santé et pour bien d’autres choses encore. Qui se souvient aujourd’hui du prix payé par eux pour nos avantages de salariés de pays riche ?

Certains perdront leur boulot paraît-il. Mais qui est assez stupide pour m’accuser moi et laisser en paix cette crevure de directeur du personnel qui utilisera cyniquement cet alibi, ce sous-homme incapable de considérer son prochain comme son égal dans la difficulté ? Eh bien oui, j’assume de fournir cet alibi fallacieux à cette personne qui ne devrait rien avoir à faire dans la société des hommes.

Il n’y a pas si longtemps, nous, cheminots, avions un slogan plein d’avenir, nous voulions partager le progrès pour tous. Souvenez-vous : « Le progrès ne vaut... »

Où est-il ce progrès, aujourd’hui où l’Homme de ce siècle a enfermé sa liberté dans une télé et un portable ?
Où l’on vante les soi-disant mérites du libéralisme sans parler de ses inconvénients comme la précarité ?
Où l’on détruit l’avenir de nos enfants en oubliant les combats de nos pères ?
Où l’on brade notre société solidaire pour peu qu’on nous fiche la paix ?
Où est-il le progrès aujourd’hui ?

J’assume tout cela, chère cliente, cher client, j’assume tout.

Philippe DUVERNAY
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